11. Le Wadi Rum est grand et Atala est son guide

Jordan-120-animated-flag-gifsJordanie, Wadi Rum  – N29 31.719 E35 27.562
2 mars 2011, 14:17:28

 

« Ce vieux tas de pierres est bien curieux, se dirent les enfants en s’en s’approchant doucement.

– Bonjour les enfants, dit le curieux vieux tas de pierres adossé à un rocher, je suis la maison de Lawrence d’Arabie… ou du moins ce qu’il en reste, ajouta-t-il d’une toute petite voix.

– Bonjour, vieux tas de… heu… maison de Lawrence d’Arabie, firent les enfants amusés.

– Ici, l’on m’appelle Al-Qsair et tout le monde me respecte, dit fièrement le vieux tas de pierres.

– Ah ! Mais pourquoi Lawrence a construit sa maison ici où il n’y a rien ? demanda Léo intrigué.

– Dans le désert, ce que nos yeux voient n’a parfois aucun rapport avec la réalité, dit le vieux tas… heu… Al-Qsair. C’est d’ailleurs souvent la même chose dans la vie.

– Ah ! firent les enfants de plus en plus intrigués.

– Si vous vous positionnez exactement là, dit Al-Qsair en montrant un endroit précis où jadis il y avait probablement eu une fenêtre, vous pouvez observer plusieurs wadis.

Dans le désert, ce que nos yeux voient n’a parfois aucun rapport avec la réalité

– C’est quoi un wadi ? demanda Joao curieux.

– Un wadi ? interrogea Al-Qsair. C’est une vallée en arabe ; mais ici, il n’y a pratiquement jamais d’eau qui coule. Là, vous voyez dans cette direction ?

– Oui, firent les enfants en regardant dans la direction indiquée tout en hochant la tête.

– C’est un wadi qui va en Arabie. Et là, un autre qui va vers la mer Rouge. Là, un troisième qui va en Exopotamie. Vous êtes ici dans un endroit hautement stratégique. Le monde avance, car certains sortent des chemins déjà tracés. Sir Lawrence se plaçait exactement là et savait tout ce qui se passe dans la région. Il savait qui allait où, comment, avec qui… Vous savez les enfants, le Wadi Rum est grand et…

– …et Atala est son guide, déclara en riant un jeune homme tout habillé de blanc, debout au sommet du vieux tas de pierres. Bonjour les enfants, je m’appelle Atala et je suis guide du désert du Wadi Rum ; lequel est loin d’être désert pour qui sait regarder.

Atala

– Bonjour Atala, firent les enfants captivés de voir un tel personnage surgir du vieux tas de pierres.

– Le Wadi Rum est ma maison, comme à tous les Bédouins qui y vivent d’ailleurs. Mais que faites-vous là mes enfants, en plein désert loin de la vôtre ? interrogea Atala intrigué.

– Nous cherchons notre mamie et notre papi qui étaient ici il n’y a pas longtemps, répondit Léo. Ils venaient de France dans un fourgon gris.

– Ah, oui, des Français, je me souviens. Nous avons beaucoup ri. En marchant dans le désert, ils essayaient d’apprendre l’arabe et moi le français. Venez les enfants, je vais vous montrer par où nous sommes passés. Allons-y, mettons-nous en marche, car nous avons beaucoup de chemin à parcourir. »

Tout en marchant, Atala expliquait le désert, son désert ; il connaissait chaque dune, chaque pierre, rien du désert ne lui était étranger. Ils traversèrent de larges wadis aux falaises abruptes, où l’on apercevait parfois quelques grimpeurs encordés gravissant les parois.

Atala s’assit soudain en observant le sol et dit : « D’ici, l’on peut apercevoir une grande arche de pierre. Où est-elle ? » Les enfants scrutèrent les environs en tournant sur place, la main sur le front en guise de visière. Difficile d’y trouver la moindre arche de pierre dans ce décor entièrement minéral. Tout à coup, Océane cria en sautillant, montrant un endroit précis qu’elle pointait du doigt :

« Là, je la vois. Elle est là.

– Bravo ! Tu es une excellente observatrice, apprécia Atala en se levant et en se dirigeant rapidement vers l’arche de pierre.

– Bonjour les enfants, leur dit la grande arche quand ils arrivèrent à ses pieds. Je m’appelle Umm Fruth et je suis haute de quinze mètres. Vous pouvez grimper et vous promener sur mon arche si vous le désirez.

– Bonjour Umm Fruth, dirent les enfants en grimpant aussitôt sur l’arche.

– Faites attention, dit Umm Fruth, ne marchez pas trop au bord et soyez prudent en redescendant, ça glisse un peu ! »

Umm FruthLes enfants passèrent de longues minutes au sommet de l’arche à observer Atala tout petit en bas qui les attendait et leur faisait des signes. C’était une curieuse impression d’avoir ainsi le vide devant et derrière soi, ce vide enivrant qui donne d’étranges fourmillements et la curieuse sensation de ne plus avoir de jambes.

« Continuons maintenant les enfants, leur dit Atala après qu’ils furent descendus de l’arche. Il y a beaucoup d’autres choses à voir dans le Wadi Rum. »

Ils marchèrent et marchèrent encore. Atala avait toujours quelque chose à montrer ou à expliquer. Un dromadaire les voyant ainsi marcher sous le soleil, tout en mâchouillant quelques herbes sèches du désert, leur dit :

« Bonjour les enfants, je m’appelle Albert le dromadaire.

Albert le dromadaire

– Bonjour Albert le dromadaire, firent les enfants ravis de faire une petite halte à l’ombre du dromadaire.

– Souvent, les gens m’appellent Albert le chameau, ce qui ne rime à rien. Vous m’avez l’air un peu fatigué. Voulez-vous monter sur mon dos les enfants que je vous conduise ?

– Volontiers, dirent les enfants en chœur en grimpant sur son dos.

– Allez, en route vers de nouvelles aventures, dit Albert le cham…, heu… le dromadaire. »

La petite caravane continua ainsi à sillonner le désert. Ils passèrent le reste de la journée à découvrir d’autres merveilles, à visiter d’étroits canyons, à escalader d’énormes dunes et à les redescendre en sautant dans le sable à grandes enjambées de sept lieux.

Atala leur montra ensuite quelques inscriptions, jadis taillées dans la roche par des caravaniers, figurant quelques indications utiles aux visiteurs de passage qui attendaient une caravane.

« C’est en quelque sorte les ancêtres des arrêts de bus marqués ici et là, commenta Atala en riant. Vous pouvez également voir quelques étranges animaux gravés sur les rochers.

– Il n’y a pourtant pas l’air d’avoir beaucoup d’animaux dans le désert, remarqua Océane.

– Ah ! Vous croyez qu’il n’y a pas de vie dans le désert ? Regardez, leur dit Albert le dromadaire en retournant une pierre avec la patte. »

Dessous, l’on pouvait voir quelques insectes et autres myriapodes endormis, attendant la fraîcheur du soir pour mettre la patte dehors.

« La vie est toujours là où l’on ne l’attend pas, déclara-t-il. »

Il remit la pierre avec délicatesse, exactement tel qu’elle avait été.

« Lorsque l’on retourne une pierre, expliqua Albert, il ne faut pas oublier de la remettre à sa place. Il ne faut pas déranger les êtres qui y vivent. Nous sommes tout petits face à la nature, mais nous pouvons causer bien des dégâts.

– Il faudrait également appliquer cette devise à tous nos actes de la vie, ajouta Atala songeur. Nous devons remettre à sa place ce que l’on a dérangé et ne pas laisser de traces négatives, car l’on n’est jamais seul au monde ; « leave no trace » : voilà probablement l’un des sept piliers de la sagesse. Venez les enfants, je vais vous montrer maintenant les crayons du désert. »

Les crayons de désertIl coupa le bout d’une grosse plante grasse du désert et s’en servit pour écrire son nom sur un rocher comme avec un gros feutre. La couleur était rougeâtre, bien vive et ressortait étrangement sur le rocher.

« Tenez, regardez ces inscriptions « Christine et Marc » sur ce rocher là, leur dit-il, faites par des amis belges de vos grands-parents qui étaient ici peu de temps avant eux. Ils ont pu ainsi leur laisser un message dans le désert. Voilà, vous connaissez maintenant bien des secrets du Wadi Rum. Vos grands-parents ont vraiment adoré cet endroit.

– Mais sais-tu où ils sont allés après ? demanda Océane.

– En continuant par là, dit Atala en montrant un wadi, vous arriverez tout au bout du désert. Vous rencontrerez alors un immense et magnifique aquarium que l’on appelle la mer Rouge. Il vous faudra aller juste en face de l’autre côté pour les retrouver.

– Merci beaucoup, cher Atala guide du Wadi Rum et Albert le dromadaire de nous avoir aidés. Continuons notre route maintenant, conclut Pome. »

Et ils se remirent en route…

Texte de papipolo et illustrations de mamivana
© Sillage de voyage, les contes – 2012


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13 commentaires sur « 11. Le Wadi Rum est grand et Atala est son guide »

  1. AAAHHHHHHH enfin !!
    la patience a porté ses fruits et enfin je retrouve avec un vrai bonheur votre conte et ses magnifiques dessins .
    J’ en connais qq enfants qui vont être ravis ce matin .Encore qq étapes et nous verrons apparaître un joli gros chat tigré qui se cache dans les herbes hautes ……..
    Bravo , bravo , mille fois bravo !
    Bisous étoilés du désert .

    1. Merci Any,
      Voilà un commentaire qui fait vraiment plaisir et qui justifie à lui seul la raison de créer ces petits contes et de les continuer.
      Pour le gros chat tigré, oui encore quelques étapes avant de le rencontrer. Patience !
      Mille mercis et mille bisous.

  2. Salut papi et mamie,
    Votre conte a été très bien. J’ai bien aimé les pierres qui parlent, j’ai trouvé ça rigolo. J’ai aimé le chameau, Atala et la plante qui écrit comme un feutre. J’aime quand les animaux et les objets parlent, ça me fait bizarre, et j’aime les choses bizarres !
    Je vous fait de gros bisous. Bon voyage.

    Léo

    1. Coucou mon Léo,
      Je suis content que ce petit conte te plaise et que tu trouves rigolos les objets qui parlent. Tous les objets ont une histoire à raconter, il suffit parfois de savoir les regarder et d’un peu d’imagination.
      Ton commentaire nous a fait bien plaisir.
      Gros gros bisous et à bientôt.

  3. Coucou les lapins chanceux,

    Entre les plages de Goa et les dunes de Jordanie … comment vous dire … j’ai comme envie de partir loin de l’hiver qui s’est bien installé ici pour mettre un maillot et des tongs. Pouvoir déjà en rêver est un bon début ! Je vous remercie donc de me le permettre grâce à vos belles histoires;

    GROS bisous

    Jess

    1. Coucou ma Jess,

      Je suis content que ce petit conte t’ait permis de rêver un peu et de t’échapper dans des contrées plus exotiques… Le rêve n’est parfois que le début d’une révélation.

      Bisous chaleureux.

  4. coucou , j’ai adoré ce conte ! le rêve en dessin , bravo Vana , dessins superbes , vraiment et Polo en conteur extraordinaire . comme d’hab , tout est génial , merci pour cette gentille évasion et à bientôt !
    gros bisous ensoleillés , aujourd’hui !
    ( l’autre jour , j’ai oublié de cliquer sur poster un commentaire donc vous avez attenduuuuuuuuuuuu ! )

      1. coucou les indiens !
        un petit travail , tu plaisantes : Vana s’applique à faire de sublimes dessins ! et toi tu fais un conte magique , c’est du boulot même si vous le faites en dilettante et surtout en maillot de bain !
        gros bisous à vous partager et flemmardez bien !

        1. T’inquiètes, on ne culpabilise pas du tout d’être passés à la productivité à l’indienne !
          On flemmarde bien, bien !
          Gros bisous

  5. coucou papi et mamie.
    Superbes conte une fois de plus, tout et génial. Cela me donne envie de voir tout se que vous raconté … Quel chance vous avais quand meme.
    vous me manquer gros bisous
    Pome

    1. Merci, ma Pominette, pour ce gentil message. Un jour toi aussi tu verras sans doute toutes ces merveilles qui ont peuplé nos voyages.
      Je t’embrasse très fort.

  6. La conjugaison aléatoire de Pome me laisse pantoise. A mon avis, c’est de l’oulipo : elle doit utiliser toutes les formes possibles de terminaisons, sans avoir recours à la bonne !

    Allez, bise.

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